Assurance Santé 2025 : Big Brother dans Votre Montre Connectée | SantéActu

Une révolution silencieuse s’opère dans le secteur de l’assurance santé en 2025 : de plus en plus de compagnies d’assurance imposent désormais le port de trackers d’activité à leurs assurés pour calculer leurs cotisations. Cette pratique, jusqu’alors optionnelle et présentée comme avantageuse pour les plus actifs, devient progressivement obligatoire chez certains grands assureurs européens et américains. Entre personnalisation des tarifs, surveillance constante et questions éthiques, cette tendance soulève des inquiétudes majeures concernant la confidentialité des données médicales et l’égalité d’accès aux soins.

De l’incitation à l’obligation : l’évolution rapide des pratiques

En avril 2025, le géant mondial de l’assurance HealthGuard a annoncé que tous ses nouveaux contrats individuels incluront désormais obligatoirement un suivi par bracelet connecté. Trois autres assureurs majeurs ont emboîté le pas, créant un effet domino dans le secteur. Les données collectées – nombre de pas quotidiens, fréquence cardiaque, durée et qualité du sommeil, niveau de stress – servent désormais d’indicateurs directs pour calculer les primes mensuelles.

« Nous sommes entrés dans l’ère de l’assurance comportementale dynamique« , explique Thomas Lefèvre, analyste au cabinet Deloitte Santé. « Les formules statiques basées uniquement sur l’âge et les antécédents médicaux sont en voie de disparition au profit d’une tarification en temps réel reflétant les comportements quotidiens des assurés. »

Un système à deux vitesses qui inquiète les autorités sanitaires

L’Autorité Européenne de Protection des Données de Santé (AEPDS) a publié en mars 2025 un rapport alarmant sur cette nouvelle pratique. Selon leurs projections, ce système pourrait créer un écart de cotisation pouvant atteindre 400% entre les assurés les plus actifs et ceux considérés comme « sédentaires chroniques », indépendamment de leur état de santé réel ou de leurs contraintes professionnelles et personnelles.

La Dr. Sophie Mendès, présidente de l’Association des Médecins pour une Santé Équitable, s’inquiète : « Nous risquons de pénaliser doublement les populations déjà vulnérables. Une personne travaillant en 3×8 dans une usine aura naturellement un sommeil perturbé et moins d’opportunités d’activité physique qu’un cadre aux horaires flexibles. Est-il juste qu’elle paie davantage pour son assurance alors même que ses conditions de vie peuvent être plus précaires ?« 

Les données de santé : le nouveau pétrole des assureurs

Une enquête du Wall Street Journal publiée en février 2025 a révélé que les données collectées par ces dispositifs représentent désormais une manne financière considérable pour les assureurs. Certains revendent ces informations – théoriquement anonymisées – à des tiers, générant des revenus supplémentaires estimés à 14,7 milliards de dollars au niveau mondial en 2024.

Marc Chen, expert en cybersécurité spécialisé dans le domaine médical, alerte : « Les données biométriques sont bien plus personnelles qu’un numéro de carte bancaire. Elles ne peuvent pas être changées si elles sont compromises. Or, nous avons identifié que les protocoles d’anonymisation utilisés par certains assureurs présentent des failles permettant potentiellement de ré-identifier les individus. »

Le cadre légal peine à suivre l’évolution technologique

Face à cette évolution rapide, les législateurs tentent de mettre en place des garde-fous. En France, une proposition de loi sur « l’éthique de l’assurance connectée » est en discussion depuis janvier 2025. Aux États-Unis, la Californie a déjà adopté le « Health Data Privacy Act » qui limite strictement l’utilisation des données issues des trackers d’activité, tandis que le régulateur fédéral tarde à se positionner.

Me Jean Dupont, avocat spécialisé en droit de la santé numérique, précise : « Nous nous trouvons dans une zone grise juridique. Le cadre du RGPD en Europe offre une certaine protection, mais n’avait pas anticipé cette utilisation massive et systématique des données biométriques à des fins commerciales. Des ajustements législatifs majeurs sont nécessaires. »

Innovation ou surveillance : le débat divise la société

Un sondage réalisé en mai 2025 par l’institut OpinionWay montre que la population est profondément divisée sur cette question : 42% des personnes interrogées voient cette évolution comme « une incitation positive à adopter un mode de vie plus sain », tandis que 47% la considèrent comme « une intrusion inacceptable dans la vie privée ». Les 11% restants ne se prononcent pas.

Pierre Laval, directeur de l’innovation chez AXA France, défend cette approche : « Les trackers permettent une personnalisation plus juste des tarifs. Un assuré qui fait des efforts quotidiens pour sa santé coûtera statistiquement moins cher au système. Il est logique que cela se reflète dans sa cotisation. »

À l’inverse, Clara Martin, porte-parole du collectif « Ma Santé, Ma Vie Privée », dénonce : « Nous glissons vers un système où chaque pas non effectué, chaque nuit agitée devient une faute morale et financière. C’est la porte ouverte à une société de notation permanente de nos comportements intimes. »

10 astuces pour protéger vos données de santé face aux assureurs en 2025

  1. Optez pour les contrats à clause de confidentialité renforcée : Certains assureurs proposent désormais des options limitant strictement l’utilisation des données collectées, moyennant un surcoût modéré.
  2. Utilisez des bracelets connectés à double flux de données : Ces nouveaux dispositifs, apparus début 2025, permettent de sélectionner précisément les données partagées avec l’assureur.
  3. Consultez régulièrement votre « score de santé numérique » : La loi oblige désormais les assureurs à vous donner accès aux indicateurs utilisés pour calculer votre prime.
  4. Demandez une contre-expertise médicale : En cas de hausse significative de votre cotisation basée sur les données du tracker, vous pouvez exiger une évaluation traditionnelle par un médecin indépendant.
  5. Rejoignez une mutuelle collaborative : Ces nouvelles structures, en plein essor en 2025, garantissent contractuellement la non-revente des données et un plafonnement des écarts de cotisation.
  6. Activez le « mode vie privée temporaire » : La plupart des trackers doivent désormais proposer cette option permettant de suspendre la collecte lors de périodes sensibles (maladie, grossesse, etc.).
  7. Vérifiez la certification « Privacy by Design » : Privilégiez les assureurs dont les systèmes informatiques ont reçu cette certification indépendante en 2025.
  8. Utilisez une interface de médiation algorithmique : Ces nouveaux services tiers anonymisent et filtrent vos données avant transmission à l’assureur.
  9. Demandez votre « rapport d’inférence » : Ce document, obligatoire depuis mars 2025, détaille toutes les conclusions que l’assureur tire de vos données d’activité.
  10. Envisagez les assurances à garantie fixe : Bien que plus coûteuses en moyenne, ces formules émergentes garantissent un tarif stable indépendamment des données de votre tracker.

Vers un nouveau contrat social entre assureurs et assurés

Face aux inquiétudes grandissantes, certains acteurs du secteur commencent à repenser leur approche. Le consortium « Assurance Éthique 2025 », regroupant plusieurs compagnies européennes, a présenté en avril un code de conduite limitant volontairement l’impact des données d’activité sur les cotisations à 15% maximum de variation.

Le Pr François Dubois, titulaire de la chaire d’éthique médicale à l’Université Paris-Sorbonne, conclut : « Nous sommes à la croisée des chemins. La technologie n’est ni bonne ni mauvaise en soi – tout dépend du cadre éthique et légal dans lequel nous décidons collectivement de l’inscrire. L’enjeu des prochaines années sera de trouver un équilibre entre incitation à la prévention et respect des libertés individuelles, entre personnalisation et solidarité. »

Les associations de patients et de consommateurs appellent à un débat national sur cette question, estimant que des choix aussi fondamentaux concernant nos données de santé ne peuvent être laissés aux seules logiques commerciales. Le Défenseur des droits s’est saisi de la question et devrait rendre un avis détaillé en septembre 2025.

Sources et références

  • Rapport de l’Autorité Européenne de Protection des Données de Santé (Mars 2025)
  • Enquête du Wall Street Journal sur le marché des données de santé (Février 2025)
  • Sondage OpinionWay sur la perception des trackers d’activité imposés (Mai 2025)
  • Proposition de loi française sur « l’éthique de l’assurance connectée » (Janvier 2025)
  • Manifeste du consortium « Assurance Éthique 2025 » (Avril 2025)

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